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Les trackers (ETF), interview d’Edouard Petit, Epargnant 3.0

trackers/ETF versus fonds actifs

Présentation.

Sur Avenue des Investisseurs, nous recommandons l’investissement en trackers, pour qui veut investir en bourse efficacement sans être un as de la finance. Un tracker, aussi appelé ETF (Exchange Traded Fund), est un fonds qui se contente de répliquer la performance d’un indice, comme le CAC40. C’est ce qu’on appelle de la gestion passive, par opposition à la gestion active ( les fonds actifs classiques, qui tentent de battre le marché). Les trackers sont disponibles en PEA, en assurance-vie et en compte-titres et permettent d’investir en actions facilement et à moindres frais.

Pour apporter un éclairage supplémentaire sur l’investissement en trackers, nous avons rencontré Edouard PETIT, un autodidacte passionné (tout comme Ludovic et moi !) devenu une référence en la matière. Fondateur du site Epargnant3.0 et auteur du livre du même nom, il s’est bâti une expertise reconnue par les professionnels de la finance.

Édouard Petit. Epargnant3.0. Expert en trackers/ETF.

Interview d’Edouard Petit – Epargnant 3.0.

Avenue des investisseurs : Quand avez-vous entendu parler pour la 1ère fois des ETF ? Qu’est-ce qui vous motivé à entreprendre des recherches en la matière, allant jusqu’à y consacrer un blog et un livre ?

Edouard Petit : Les ETF sont apparus dans les années 90 aux États-Unis, mais seulement en 2000 en France. Je dois dire qu’à l’époque j’étais plus intéressé par les entreprises de l’internet. Tout le monde connaît le résultat, un beau krach de la bulle internet, je n’y ai pas échappé.

J’ai commencé à investir en ETF il y a un peu plus de 5 ans. À l’époque, on en parlait nettement moins qu’aujourd’hui. Dans la trentaine, je commençais à avoir un patrimoine, et je me suis dit qu’il fallait que j’arrête de « boursicoter » (choisir des titres au “pif” comme le font la plupart des français), et plutôt vraiment investir et développer ce patrimoine. Je me suis donc très largement documenté. J’ai été convaincu par toutes les études qui démontrent la surperformance des ETF, sur le long terme, par rapport à la gestion active (fonds actifs classiques). Outre le fait que ces études ont été faites par des scientifiques très réputés, c’est très intuitif.

L’explication tient en quelques phrases. La bourse c’est deux professionnels qui s’échangent une action, les deux pensant faire une bonne affaire. Le marché est donc la moyenne de la performance brute de frais des gérants. Les épargnants reçoivent une performance nette de frais. Un fonds va délivrer en moyenne le marché moins les frais, les frais ont donc une importance capitale. Il est facile de trouver des ETF avec des frais de 0,3%, alors que la moyenne des frais des fonds actifs (qu’ils soient 100 % actions ou dit « patrimoniaux ») est supérieure à 2%. En moyenne, en raison de ces frais, les fonds vont avoir une performance de 2% en dessous du marché, et les ETF de 0,3% en dessous du marché. Avec le jeu des intérêts composés, cela fait des sommes très importantes au bout de quelques années. Au final, plus de 80% des fonds sous-performent les ETF. Voilà !

J’ai fini par développer une expertise importante dans le domaine. Quand on est passionné et que l’on accorde du temps à sa passion, grâce à Internet, on peut acquérir une connaissance incroyable. Comme il n’y avait pas de livre sur le sujet, et que je passais beaucoup de temps à tenter de convaincre mes proches et collègues, j’ai fini par écrire un livre. Comme il a très bien marché, j’ai fini par écrire un deuxième livre. Comme il a très bien marché, j’ai fini par lancer des formations, etc.

ADI : Les Français sont encore très investis en fonds actifs, commercialisés par leurs banques notamment dans leurs assurances-vie. Les ETF ne représentent en France que 20% des encours investis en actions (10% en 2010). Les ETF et la gestion passive restent donc encore assez confidentiels en France, même si leur popularité grandit.  Pourquoi pensez-vous que les Français devraient plutôt se tourner vers la gestion passive ?

Performance trackers/ETF versus gestion actives/fonds actifs.

Edouard Petit : Les ETF représentent une faible part des fonds, mais une plus faible part encore de la capitalisation boursière. Comme je l’expliquais plus haut, la gestion passive est plus performante que la gestion active. C’est déjà une bonne raison.

Mais l’autre raison, et qui me paraît aussi importante est qu’il y a une très forte transparence. Si on s’y intéresse un minimum, on peut vraiment savoir ce qu’il y a dans son ETF. (Note de Nicolas : voyez donc notre sélection de trackers ici.) Dans le cas de la gestion active, il faut faire confiance au gérant. Évidemment, il y a un mandat de gestion, et on sait à peu près ce qu’il fait. Mais c’est seulement « à peu près » et non « exactement ».

ADI : Malgré tout, voyez-vous quand même des avantages à la gestion active ? Dans quel cas un investisseur devrait préférer la gestion active ? (Est-ce que ce cas existe ?)

Edouard Petit : Je ne nie pas qu’il y a des niches où la gestion active pourrait être performante. Même Lyxor, le premier émetteur d’ETF en France, dit qu’il y a des poches de surperformance : en l’occurrence en Chine et en petites capitalisations européennes. Ceci dit, cela ne suffit pas à faire un portefeuille diversifié.

Note de Nicolas : décidément, nous sommes toujours en phase. Un exemple d’allocation diversifiée ici dans le camembert, sur les principaux segments, hors émergents et “small caps” qui doivent rester marginaux dans une allocation.

ADI : Que pensez-vous du risque évoqué par certains, craignant que le poids de plus en plus important des ETF finisse par déstabiliser le marché ?

Edouard Petit : Honnêtement, je trouve cela très farfelu. Et j’ai des dizaines d’arguments pour prouver le contraire. Je vous en livre deux, de natures très différentes.

Premièrement, est-ce que l’on a attendu la gestion passive pour que le marché devienne de temps à autre « bullesque » ? Est-ce que vous avez déjà entendu un gérant d’actifs dire que les folles valorisations des « dot com » dans les années 2000 étaient dues aux gérants actifs ? Non !

Deuxièmement, L’AMF a calculé le taux d’emprise des ETF sur la capitalisation boursière, il s’agit du pourcentage de la capitalisation boursière détenue par les ETF. Et le résultat est 1,1% pour les actions européennes et 0,6% pour le CAC 40 ! Peut-on sérieusement croire que les ETF aient une réelle influence sur le marché lorsque l’on voit ces chiffres ?

ADI : on devine que vous êtes personnellement investi en trackers. Depuis combien de temps ? Et quelle est votre allocation ? En “buy and hold” avec un budget fixe, ou modulez-vous votre exposition en fonction de votre appréciation et du momentum ?

Edouard PETIT : Je pense qu’il vaut mieux suivre ce que j’écris dans mes livres que ce que je fais dans la réalité. Je suis cohérent avec ce que j’écris. Cependant, je suis comme tous les humains, je ne suis pas parfait et je fais des erreurs. Par ailleurs, j’investis d’une façon qui me correspond. Mon portefeuille financier est cohérent avec mes valeurs, mes projets, ma situation professionnelle, ma situation familiale, ma capacité à prendre des risques, les types de risques que je suis prêt à prendre, mes biais cognitifs, etc.

Le portefeuille financier parfait n’est pas le même pour tout le monde. Mes livres donnent des clés pour créer un portefeuille d’ETF qui vous correspond vraiment.

Je peux malgré tout donner quelques éléments : dans mon patrimoine, j’ai une allocation fixe en actions de 75-80 % (c’est -très- élevé). Je suis principalement investi en ETF pour la partie actions, et j’ai moins de 0,5 % en fonds actifs (j’ai du Moneta et du Indépendance et Expansion, car j’aime bien leurs gérants. Je ne fais pas ça pour des raisons de performance, mais disons « sentimentales »). La partie non risquée est majoritairement en fonds en euros (dynamiques et non dynamiques). J’ai aussi un petit peu de SCPI en assurance vie.

Je ne fais jamais rien en fonction de mon appréciation, mais toujours en fonction de critères quantitatifs qui peuvent être value et/ou momentum, en fonction des sujets.

Note de Nicolas : investir 75-80 % de son patrimoine en actions n’est pas à la portée de tout le monde, comme l’explique Edouard : à chacun ses objectifs et son aversion aux risques. Définissez votre budget risque (notre règle 1 de l’investissement en bourse) : nous sommes partisans de commencer modestement à 5 % maximum de son patrimoine, puis éventuellement d’augmenter la dose progressivement à hauteur de votre cible.

ADI : Quelle allocation recommandez-vous pour un investisseur lambda ?

Edouard Petit : Le sujet principal n’est pas tant l’allocation en trackers, mais plutôt l’allocation en actions versus actifs non risqués. La règle américaine est (110-âge)% en actions. Par exemple à 30 ans, il faudrait selon cette règle avoir 80% de son patrimoine investi en actions (donc 20% en actifs non risqués). Cette règle est intéressante, mais elle ne prend pas en considération la capacité psychologique à prendre des risques. Il faut mélanger ces deux paramètres.

En tout cas, il ne faut pas modifier son allocation rapidement et y aller progressivement. Note de Nicolas : exactement ce que nous recommandons ici dans les 4 règles à respecter !

Son livre.

Merci Edouard pour toutes ces précieuses informations délivrées. Nous vantions déjà l’investissement passif en trackers, nous sommes encore plus convaincus par cette approche. Nous rappelons aux lecteurs les plus intéressés qu’ils peuvent en savoir plus dans votre livre et nous les invitons à relire les bases de la bourse.

Épargnant 3.0 : découvrez le best seller pour apprendre à investir via les trackers.

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