Choisir les meilleurs placements pour son épargne et bien investir

Interview de StephaneF, épargnant lazy (et malin !)

interview épargnant

Bonjour StephaneF, cher camarade, investisseur expérimenté et avisé.
Vous êtes un membre très populaire d’un célèbre forum d’épargnants. Vous avez une longue et riche expérience d’investisseur et vous avez traversé des crises immobilières et boursières avec un mental à toute épreuve. En attestent les archives du forum.

C’est donc naturellement que la communauté (nouveaux arrivants comme anciens) vous sollicite régulièrement pour tout savoir de vous : d’où vous venez, ce que vous avez traversé comme épreuves et succès, vos projets, vos astuces.

Vous pourriez réexpliquer sans cesse votre histoire ou écrire une biographie à fort tirage, mais nous avons décidé de vous interviewer, ce sera plus commode !

L’interview de StephaneF

1/ Faisons les présentations ! Quel âge avez-vous ? De quel milieu venez-vous ? Avez-vous reçu une éducation financière ? Quelques mots sur votre vie professionnelle ?

J’ai 45 ans. J’ai grandi dans le Poitou, dans un milieu « classe moyenne ». Les revenus de mes parents n’étaient pas très élevés, équivalent à 3000 € nets d’aujourd’hui. Mais comme nous vivions à la campagne, la vie n’était pas chère. Nous mangions les légumes du jardin, les poulets de la grand-mère.

Je n’ai pas reçu d’éducation financière. Mes parents n’y connaissaient pas grand-chose et ne s’y intéressaient pas. Ils ont suivi toute leur vie les recommandations de leur agence Crédit Agricole.

Mon père m’avait ouvert un Livret A à la Poste du coin. Gamin j’étais tout content de compter les intérêts annuels. Comme j’étais bon en maths, j’ai tout de suite compris l’avantage des intérêts et de leur composition. Un jour j’annonce fièrement à mon père que j’ai gagné 20 €. Il me répond : « Non, car il y a de l’inflation, il faut la déduire. En fait tu as gagné moins de 10 € ». J’étais très déçu. C’est l’une des seules choses que mon père m’a apprise sur le sujet.

Comme j’avais des facilités en sciences, j’ai pu faire des bonnes études et bénéficier de l’ascenseur social. Aujourd’hui je suis cadre dans une grande entreprise avec une bonne cantine.

2/ Quand avez-vous commencé à épargner et qu’est-ce qui vous a motivé ?

Dans ma campagne, un sou était un sou. On ne dépensait pas dans des choses superflues, et on ne gaspillait pas. C’est donc tout naturellement que j’ai commencé à épargner, c’était dans mes gènes. Avec le recul, je me dis que c’était trop, j’aurais pu profiter plus de mon argent. Ce que je fais aujourd’hui à la moitié de ma vie…

comportement épargne écureuil

3/ Comment épargniez-vous au début (quelle allocation ? Quels supports ?) et comment cela a évolué avec le temps ?

Quand je suis entré dans la vie active en 1996 je me suis intéressé à la Bourse. J’ai commencé à y placer de l’argent. J’ai acheté des SICAV du Crédit Agricole et participé à des introductions en Bourse comme celle de France Télécom. L’internet n’était pas encore bien développé. Je suivais les cours sur le télétexte de la télévision. Les ordres étaient chers aussi, je les passais par fax !

J’avais aussi les placements classiques : PEL, CEL, Livrets. Mais pas encore d’assurance vie. Je ne connaissais pas du tout.

En 2000, ma femme et moi avons rencontré un gestionnaire de patrimoine. Il nous a fait ouvrir 3 assurances-vie chacun, avec des frais d’entrée de 4,5 %. Et il a placé l’argent en majorité en unités de compte. Avec mise en place de versements mensuels sur ces unités de compte.

On connait la suite. La Bourse a perdu 50%. Nous avions une belle moins-value (latente) de 17 000 €. Cela me paraitrait peu aujourd’hui au regard de notre patrimoine actuel d’un peu plus de 1 million d’euros. Mais à l’époque, il était de seulement 60 000 €, alors 17 000 € c’était beaucoup. J’ai continué à verser pendant quelques années, en attendant la hausse.

Note de Nicolas : c’est le comportement que nous recommandons. C’est-à-dire investir régulièrement, mécaniquement, que la bourse monte ou baisse, que l’ambiance soit à l’euphorie ou à la panique. Pour cela, il faut une certaine discipline et du MENTAL sur le long terme. Cela a bien réussi à notre camarade StephaneF.

L’éclosion de l’épargnant avisé

Dans le même temps, j’ai découvert les assurances vie sans frais d’entrée. Alors j’ai arrêté mes versements sur ces assurances-vie blindées de frais, et j’ai versé sur mes nouvelles assurances-vie sans frais. J’ai liquidé les assurances-vie du gestionnaire de patrimoine en 2010. En moins-value de 3 000 € en dix ans…

Entre-temps il a voulu nous vendre un Robien. Mais échaudés par les 17 000 € perdus nous n’avons pas donné suite. Ce fut une autre erreur, car depuis les prix ont plus que doublé dans la ville ciblée, alors même un Robien surévalué à l’achat aurait été une bonne affaire. Nous avons tout de même acheté nos premières SCPI par son intermédiaire.

Dans le même temps mes connaissances en placement financiers avaient bien progressé. Sur le conseil d’un collègue, je me suis abonné à « Mieux Vivre Votre Argent ». J’ai commencé à acheter leurs « valeurs du mois ». Puis j’ai mis en place ma fameuse technique de « louchage / écrémage », à appliquer sur les unités de compte par exemple. Cela consiste à acheter quand la Bourse baisse, et à « écrémer » les plus-values quand la Bourse monte.

4/ Vos résultats dans le temps

Voici les graphiques pour illustrer l’évolution du patrimoine de mon ménage. Les faits marquants :

  • 2011 : revente de parts que j’avais dans une startup.
  • 2013 : achat de notre résidence principale. On pouvait acheter cash, mais j’ai préféré emprunter pour laisser mon argent investi en bourse (taux bas et actions rentables).

L’évolution du patrimoine net du ménage (en €)

évolution patrimoine

On constate que les premiers 100 k€ ont été longs à atteindre : 8 ans. Ensuite, à partir de 2003 : rythme de +100 k€ tous les 3 ans. Et à partir de 2009, c’est le décollage, le rythme s’accélère : environ + 100 k€ par an pour dépasser le million d’€ net en 2017 ! Ce n’est pas grâce à ma capacité d’épargne, c’est la magie des intérêts composés parfaitement illustrée.

L’évolution de l’allocation de notre patrimoine brut (en %)

répartition patrimoineNotre allocation patrimoniale actuelle (patrimoine brut)

répartition patrimoineJ’ai commencé à 0 en 1996, au début de ma vie active. Après 21 ans d’épargne et de composition, en 2017, mon ménage a dépassé le million d’euros en patrimoine net. Tout s’est accéléré au fil du temps, et ce n’est pas grâce à ma capacité d’épargne qui a finalement peu varié au cours de ma vie active, mais grâce au rendement de mon allocation dynamique (les actions).

La majorité de mon patrimoine est aujourd’hui placée en immobilier. Cela est dû à ma résidence principale (420 k€), et à mes SCPI (231 k€).

En actions et assimilés, j’ai aujourd’hui 285 k€. Avant mes achats immobiliers, les actions pesaient bien plus lourd dans mon allocation et ont été un gros moteur de croissance de mon patrimoine.

J’ai 72 k€ en fonds euros que j’utilise comme des livrets grâce aux rachats partiels rapides des assurances-vie en ligne. Je n’utilise plus les livrets réglementés depuis des années.

La défiscalisation déçoit

J’ai 100 k€ en produits défiscalisant, FCPI et SOFICA, qui vont arriver à échéance dans les années à venir et m’être remboursés. Le bilan est médiocre. Les SOFICA, j’en ai déjà eu 3 de remboursées sur 10, avec une performance moyenne avantage fiscal inclus de 4% (sur une durée de 10 ans environ !). Les FCPI, 4 sur 13 de remboursées, avec une performance moyenne de 17%. Pour les 9 FCPI qu’il me reste j’ai des perfs meilleures : +30%, mais attendons le remboursement final…

Je précise que je ne parle pas de rendement annualisé, mais de rendement sur la période totale sur 10 ans environ, donc piètre performance. Au global je n’ai pas perdu d’argent, mais même en tenant compte de la défiscalisation, cela m’aurait rapporté plus sur un bon fonds en euros (et avec bien moins de risque et une meilleure liquidité).

Note de Nicolas : Parcours impressionnant, qui montre que même en étant de la « classe moyenne », on peut développer un beau patrimoine et devenir millionnaire à moins de 50 ans. Le secret de la réussite : être discipliné et avoir une bonne allocation. En effet, on ne peut pas composer à ce rythme avec une allocation trop défensive. Ceci dit, la vente de parts de startup a bien accéléré l’enrichissement, sans cela le million aurait été atteint environ 5 ans après.

5/ Vos plus beaux souvenirs d’investisseur ? Vos plus durs souvenirs ? Succès et échecs ?

Mes plus beaux souvenirs portent sur les fonds sur lesquels je suis investi et qui ont bien performé. Par exemple Moneta Multicaps que j’ai depuis 2007, et avec lequel j’ai gagné 25 000 €.

Mon plus mauvais souvenir, c’est le krach de 2000 que j’ai pris de plein fouet alors que je venais de verser sur les unités de compte avec le gestionnaire de patrimoine.

Note de Nicolas : pour éviter d’investir au pire moment et puisqu’on ne peut pas prédire l’avenir, nous recommandons d’investir progressivement, en appliquant la méthode DCA. Ce n’est pas forcément plus performant, mais c’est plus raisonnable et moins anxiogène, donc vous tiendrez plus facilement à long terme.

6/ Vous avez atteint un joli patrimoine à 45 ans. Quels sont vos projets ?

Quand le million d’euro de patrimoine net a été dépassé en 2017 (patrimoine du couple), je me suis posé beaucoup de questions. Quel est l’intérêt d’avoir autant d’argent ? Quel est le but ? Surtout que la moitié de ma vie est derrière moi.

Alors j’ai décidé de profiter plus de mon argent, dépenser plus, me faire plaisir, ne plus me prendre la tête au travail. L’argent permet d’être plus serein et de moins dépendre du travail.

golf rentier

7/ Le mot de la fin : quels conseils pour les nouveaux épargnants ? Et pour les plus anciens plus expérimentés et avisés ?

Passez dans une banque en ligne rapidement si ce n’est pas déjà fait. Et ouvrez plusieurs assurances-vie sans frais d’entrée, ainsi qu’un PEA.

Il faut diversifier son patrimoine et avoir de tout : actions, immobilier, livrets, fonds en euros, etc. Cela permet de ne pas avoir ses œufs dans le même panier et d’être serein quand l’un des actifs baisse.

Pour les actions, profitez des krachs boursiers pour entrer. Si on est déjà investi, ne pas paniquer. Au contraire, il faut saisir cette opportunité pour renforcer à bon compte. Comme le dit Warren Buffett, à ces moments-là il faut se sentir comme « un obsédé sexuel dans un sexshop » ! Ne jamais entrer en une seule fois, mais en faisant des versements mensuels. Ne pas investir sur des actions en direct, c’est amusant mais ça marche rarement. Investissez plutôt sur des unités de compte ou des trackers.

Les SCPI sont une bonne solution pour avoir de l’immobilier dans son patrimoine sans soucis de gestion et avec un bon rendement.

Étudiez la fiscalité pour la comprendre, et savoir comment sont taxés vos différents revenus du patrimoine. Évitez la défiscalisation. Ce n’est quasiment jamais rentable.

Et pour finir, ne faites pas comme moi au début de ma vie active : l’argent est fait aussi pour être dépensé. Faites-vous plaisir aussi !

Les trucs et astuces de StephaneF

Technique de la louche / écrémage de fonds

En résumé, cette technique consiste à investir dans des fonds et à profiter des phases de baisse et de hausse pour doper la performance et gagner davantage. Il faut se fixer un montant d’investissement global et un montant maximum par fonds. On entre alors sur chaque fonds progressivement, sur 10 mois par exemple. Ensuite, une fois les objectifs par fonds atteints, il faut arrêter d’investir et passer en phase de « louchage » / « écrémage » :

  • Écrémage : si la valeur d’une des lignes augmente au-dessus de l’objectif fixé (plus de 5 % voire 10 %), je vends ce qui dépasse. Par exemple, je m’étais fixé 10 000 € sur le tracker World et il atteint 11 000 €, je vends donc 1 000 €. Ainsi, je mets à l’abri la plus-value pour renforcer plus tard quand ça baissera. C’est ce que j’appelle « écrémer ».
  • Louchage : inversement, en cas de baisse des marchés, je renforce les lignes qui ont baissé. Je fixe le curseur à -5 % ou -10 % selon les fonds. Il faut donc toujours avoir des liquidités (votre capacité d’épargne, vos fonds euros, vos ventes précédentes, etc.) pour pouvoir « loucher » dans les creux. D’autant plus que les marchés peuvent baisser longtemps et qu’il faut tenir à long terme en louchant régulièrement.

Cette technique m’a généralement permis de doper ma performance, de dépasser les performances annuelles de mes fonds. Cela prend peu de temps, il faut seulement être discipliné et loucher ou écrémer mécaniquement, quoi qu’il arrive.

Note de Nicolas : une stratégie intéressante. Mais nous suggérons plus simple et au moins aussi efficace dans nos 4 bonnes pratiques de l’investissement en bourse.

Technique de la « purge » des plus-values sur assurance-vie

On n’échappe jamais aux prélèvements sociaux. En revanche, on peut échapper à tout impôt sur le revenu si on pense à bien « purger » ses plus-values (PV) tous les ans après les 8 ans de son assurance-vie, quitte à racheter puis réinvestir la même somme immédiatement dans son assurance-vie.

Car sachez que si l’on rachète une grosse somme subitement après 8 ans, le capital retiré contiendra certainement plus de 4 600 € (ou 9 200 € pour un couple marié ou pacsé) d’intérêts et vous serez donc imposé. Alors qu’en ayant pensé à purger auparavant régulièrement, la part d’intérêts dans le capital racheté sera moindre et restera sous le seuil d’abattement, donc pas d’impôt sur le revenu à régler. Cette technique est valable pour les assurances-vie sans frais sur versement uniquement.

Quelle option d’imposition choisir quand on fait un rachat sur assurance-vie ? L’optimisation liée à la CSG déductible

Valable seulement en cas de rachat sur une assurance-vie de plus de 8 ans, quand on est sous les 4600 / 9200 € de plus-value. Dans ce cas, pensez à toujours demander la taxation au barème de l’impôt sur le revenu et non l’imposition au prélèvement forfaitaire libératoire (PFL). Ainsi, vous allez profiter des 2 avantages suivants : ne pas avancer le PFL et gagner la CSG déductible (5,1 % x les taxes portant sur votre tranche marginale d’imposition). Par ailleurs votre revenu fiscal de référence (RFR) ne sera pas impacté à la hausse, alors qu’avec l’option PFL votre RFR aurait augmenté du montant de la plus-value.

Pour aller plus loin, vous pouvez lire notre article complet sur la fiscalité de l’assurance-vie.


Nous remercions StephaneF pour sa transparence et pour avoir participé avec plaisir à cette interview. Le partage de son expérience nous est très précieux et riche d’enseignement ! Un modèle de discipline, de mental et d’organisation. Ce tempérament d’investisseur et ce parcours lui offrent une vie plus sereine, plus agréable et avec plus de choix. Plus de temps libre et moins de dépendance au travail. C’est tout l’objet d’Avenue des Investisseurs : mieux placer pour vivre mieux !

Nous sommes complètement en phase avec lui, c’est la philosophie d’Avenue des investisseurs : passez en banque en ligne, ouvrez de bonnes assurances-vie et le PEA, réfléchissez à votre allocation patrimoniale puis diversifiez en trackers et SCPI, tout en vous méfiant de la défiscalisation.

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